Le futur du travail dans l'industrie automobile au prisme de la crise du COVID et de la transition écologique : une comparaison franco-allemande
Présentation :
Les industries automobiles d'Europe occidentale ont été durement touchées par la crise du COVID-19. Outre les perturbations des chaînes d'approvisionnement transfrontalières, l'énorme crise de la demande provoquée par les confinements tout au long de l'année 2020 - et qui s'étend maintenant à 2021 - a créé de graves pressions économiques sur les producteurs et fournisseurs automobiles régionaux. Dans ce contexte, des appels ont été lancés aux gouvernements nationaux en Europe pour qu'ils apportent un soutien économique ciblé à l'industrie automobile en difficulté. Mais si de nombreux gouvernements ont mis en œuvre diverses mesures de soutien spécifiques au secteur, dans la plupart des cas, les politiques ont suivi une stratégie plutôt « disruptive » sur le plan technologique visant à accélérer la transition vers l'électromobilité.
Une des principales inconnues de cette transition, pourtant indispensable pour atteindre l’objectif européen de neutralité carbone à l’horizon 2050, concerne l’emploi dans la filière automobile à la fois chez les constructeurs, car l’assemblage d’un véhicule électrique nécessite beaucoup moins de main-d’œuvre qu’un véhicule conventionnel, mais surtout chez les sous-traitants, dont certains sont très spécialisés dans la production de pièces et composantes à haute valeur ajoutée pour les moteurs thermiques.
Compte tenu du retard pris par l’industrie européenne dans la création d’une filière de production des batteries, le risque est d’assister à la fois à des destructions massives d’emploi, en particulier dans les pays à hauts coûts salariaux (47 des 67 usines de fabrication de moteurs en Europe sont localisées dans des pays de l’Europe Occidentale, dont 7 en France) ainsi qu’à des localisations ultérieures vers les pays à bas coûts salariaux pour compenser les surcoûts engendrés par l’électrique. Il est aussi très probable que ces restructurations annoncées auront comme corollaire la négociation de nouveaux contrats de travail, sur le modèle des « accords de compétitivité » issus de la précédente crise financière, qui vont encore durcir les conditions d’emploi (précarité) et de travail (intensité) dans le secteur.
Comment assurer une « transition juste » qui ne laisse pas derrière les salariés de l’industrie automobile ? Quel est concrètement le rôle des États et de leurs gouvernements dans la transformation du secteur automobile dans le contexte de la crise du COVID? Quel a été et quel sera l’impact combiné de la crise du COVID et de la transition électrique sur les conditions d’emploi et de travail dans l’industrie automobile ? Quelles stratégies les organisations syndicales peuvent mettre en œuvre au niveau national et européen pour peser sur cette crise et sur cette transition ?
Dans le cadre de ce séminaire co-organisé par l’IRES et le Gerpisa, Martin Krzywdzinski (WZB), Grzegorz Lechowski (WZB) et Tommaso Pardi (CNRS – Université Paris-Saclay) présenteront les premiers résultats d’une recherche en cours sur la réponse gouvernementale à la crise du COVID dans le secteur automobile. Il s’agira notamment de comparer le cas français et le cas allemand, pour comprendre dans quelle mesure et de quelle manière les gouvernements allemand et français ont-ils aligné les objectifs de soutien à leurs industries automobiles nationales sur les objectifs d'accélération des changements technologiques et de verdissement du secteur automobile. Une attention particulière sera donnée au positionnement des organisations syndicales dans les deux pays face à la fois à la crise du COVID et au défi de la transition écologique.
Nous accueillerons également Juan Sebastian Carbonell (Gerpisa, ENS Paris-Saclay, IDHES) dont la présentation portera sur la « Compétitivité des entreprises et stratégies syndicales dans l’industrie automobile française » et se focalisera en particulier sur les accords dits « de compétitivité » dans le secteur. Ceux-ci ont été vus par le législateur comme un moyen de permettre aux entreprises d’éviter de payer le coût social des procédures de licenciement collectif ou de fermetures d’établissements. Souvent, des garanties en termes d’emplois, d’investissements ou de volumes d’activité sont négociés en échange de mesures de compétitivité (augmentation du temps de travail, flexibilité du temps de travail, gel des salaires, etc.). Durement frappée par la crise de 2008, l’industrie automobile française s’est saisie très tôt des facilités offertes par ces accords et tout laisse entendre qu’ils seront utilisés par les constructeurs et équipementiers comme un outil pour faire face aux conséquences de la crise économique actuelle. Cette communication reviendra sur les différents accords signés dans le secteur automobile depuis une dizaine d’années, ainsi que sur les stratégies mises en œuvre par les syndicats face à ceux-ci. Elle s’attardera tout particulièrement sur le cas de PSA entre 2013 et 2016, où deux de ces accords ont été négociés.
Lien de connexion :
https://zoom.us/j/99878958754?pwd=bzc4R1Npem4zRm52QjEyUi9YbmYzdz09
La séance aura lieu en français et allemand et bénéficiera d'une traduction simultannée du français à l'allemand.
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Agenda
Colloque du Gerpisa
Mardi 27 Juin 2023, 09:00 CEST - Vendredi 30 Juin 2023, 14:00 CEST
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Appel à communication
Mardi 27 Juin 2023, 09:00 CEST - Vendredi 30 Juin 2023, 15:00 CEST
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Journée du Gerpisa
Vendredi 6 Octobre 2023, 14:00 - 17:00 CEST
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