Renault et l’Alliance : les bons signes donnés en janvier 2020
La chronique hébdomadaire de Bernard Jullien Ancien directeur du Gerpisa, maître de conférences en économie à l'Université de Bordeaux et conseiller scientifique de la Chaire de Management des Réseaux du Groupe Essca.
Outre le fait que le dossier du véhicule autonome qui avait puissamment servi à accréditer cette thèse dans toute l’industrie suscite désormais de moins en moins d’enthousiasme et de plus en plus de doute, chez Renault, c’est l’expérience douloureuse de l’ère Bolloré qui conduit à ce retour aux fondamentaux.
En effet, les dirigeants issus d’autres industries comme les consultants du BCG ou d’autres grands cabinets ont ces dernières années défini des politiques qui ont souvent paru en interne négliger les réalités et aboutir, à force de ne pas écouter les spécialistes internes, à des déconvenues opérationnelles.
Le départ de François Renard, venu de chez Unilever , de la direction du marketing monde avait déjà été un signe fort en ce sens. Le fait que le futur nouveau DG ait fait toute sa carrière dans l’automobile en la commençant chez Renault en est un autre.
Bien qu’il soit ingénieur des Mines, il a essentiellement occupé des postes commerciaux à l’international et a effectué un important passage chez Nissan en Amérique du Nord. Depuis trente ans, il a eu le temps de comprendre ce qu’est Renault et ce que sont ses concurrents partout dans le monde. Il connaît les équipes, les réseaux, les économies et les régulations auxquels le commerce et le marketing doivent s’adapter et L. de Meo comme J.-D. Senard semblent avoir considéré qu’il s’agit là plutôt d’un avantage que d’un handicap.
Il sera d’ailleurs secondé par un nouveau "directeur marketing monde", Xavier Martinet, qui est entré lui chez Renault en 1987, à 22 ans, a fait toute sa carrière au commerce et au marketing et a, lui aussi, effectué, entre 2010 et 2013, un passage chez Nissan North America en tant que Senior Brand Manager Gamme marketing. Expérience, consistance, capacité à porter un point de vue voire une vision : tels semblent être les nouveaux critères de sélection qui prévalent pour rentrer au Comité Exécutif ou au Comité de Direction.
Dans une période où il va falloir compter pour restaurer côté Nissan d’abord et côté Renault ensuite une profitabilité très fortement dégradée côté japonais et en baisse chez Renault sans renoncer à investir dans les nouveaux produits et dans les plateformes et technologies qui rendront enfin l’électrique pleinement convaincant, il faut cesser de se raconter des histoires pour mesurer le plus finement possible les écarts qui séparent l’Alliance des objectifs qu’elle se donne.
Clotilde Delbos avait, au moment du départ de Thierry Bolloré et de sa prise de fonction comme DG intérimaire, annoncé la structuration d’un nouveau plan stratégique. Le même exercice devra être réalisé, au delà du plan de redressement de Nissan, chez Nissan comme chez Mitsubishi.
La manière dont seront conduites les discussions pour les définir au sein des entreprises et entre elles puis le contenu même de ces premiers plans stratégiques de l’après Ghosn permettront de vérifier dans les mois à venir si le nouveau départ et la méthode de management par consensus que prône J.-D. Senard sont pleinement convaincants. Les premiers signes donnés en 2020 donnent quelques solides raisons d’espérer.
La chronique de Bernard Jullien est aussi sur www.autoactu.com.
The weekly column by Bernard Jullien is also on www.autoactu.com.
Connexion utilisateur
Navigation
Agenda
Colloque du Gerpisa
Mardi 27 Juin 2023, 09:00 CEST - Vendredi 30 Juin 2023, 14:00 CEST
|
Appel à communication
Mardi 27 Juin 2023, 09:00 CEST - Vendredi 30 Juin 2023, 15:00 CEST
|
Journée du Gerpisa
Vendredi 6 Octobre 2023, 14:00 - 17:00 CEST
|