Dégradation de la note de la dette de Ford par Moody’s : un signe fort
La chronique hébdomadaire de Bernard Jullien Ancien directeur du Gerpisa, maître de conférences en économie à l'Université de Bordeaux et conseiller scientifique de la Chaire de Management des Réseaux du Groupe Essca.
Comme l’expliquent les spécialistes de gestion d’actifs, le risque est alors de voir les cours plonger car certains investisseurs ne sont pas autorisés à détenir de tels titres qui passent en "non investment grade" et ont alors l’obligation de s’en défaire.
Heureusement pour Ford, la décision de Moody’s n’a pas été suivie par les deux autres grandes agences de notation que sont S&P et Fitch et ceci permet de conserver la détention de titres de la dette de Ford en "investissable" mais le signal envoyé a suffi à provoquer une forte augmentation de l’écart de rendement des obligations du constructeur.
Comme l’explique le Wall Street Journal, il en résulté pour Ford des coûts d’emprunt en hausse qui peuvent obérer la profitabilité du groupe en affectant en particulier la captive Ford Motor Credit qui est naturellement la plus active sur le marché de la dette.
Dès lors que S&P et Fitch, tout en maintenant une note de BBB ont placé la dette de Ford sous surveillance négative, l’annonce de cette semaine pourrait être le début d’un feuilleton financier problématique pour Ford.
Elle ajoute que le plan de restructuration entrepris cette année ne pourra produire les éventuels résultats bénéfiques attendus que dans trois ou quatre exercices. En attendant, les restructurations vont d’abord correspondre à des coûts qui réduiront les marges et pourraient même, selon Moody’s, mettre le constructeur dans une situation de trésorerie négative.
La profitabilité est principalement assurée par les activités nord-américaines qui dégagent une marge de 7,1% (en retrait de 0,3 point seulement). Elles permettent de financer les très lourds plans de restructuration entrepris en Europe et en Amérique du Sud qui ont coûté 1,2 milliard de dollars sur le seul second trimestre. Le management de Ford a annoncé un léger mieux en Europe qui sera toutefois bien loin de pouvoir financer les coûts associés à la fermeture des 6 sites industriels annoncée. Il a par contre confirmé que toutes les autres régions étaient dans le rouge avec, pour le trimestre, des pertes de 45 millions de dollars pour l’Afrique et le Moyen Orient, de 155 millions pour la Chine et de 205 millions pour l’Amérique du Sud. L’ensemble de ces pertes n’est pas compensée par la profitable captive financière et, malgré la profitabilité de l’Amérique du Nord, on ne peut dès lors que s’inquiéter avec Moody’s de la capacité de l’entreprise de pouvoir financer conjointement ses restructurations - voire sa relance – dans les autres régions du monde et ses ambitions dans l’électrique, l’autonome et les nouvelles mobilités.
En effet, en Europe, Ford va devoir faire face comme chacun au retournement du marché et aux conséquences d’un Brexit qui affecte plus Ford que d’autres constructeurs dès lors que le Royaume-Uni est pour l’américain le seul marché où il est leader et représente un quart de ses ventes. En Chine, la baisse des ventes a impacté Ford dans des proportions homologues à ce que subit PSA, les taux d’utilisation des capacités sont aux alentours de 24% et les tensions entre les deux partenaires, JMC et Changan, sont extrêmes. Aux Etats-Unis, la grève chez GM annonce des discussions très dures avec l’UAW.
Dans une certaine mesure, l’accord passé avec VW pour avoir le droit d’utiliser sa plateforme dédié aux VE à batterie dessine une autre alternative : celle du renoncement à être présent sur tous les fronts. On ne peut que se demander si ce qui se précise déjà sur le terrain technologique ne s’imposera pas à Ford sur le plan géographique. On a beaucoup parlé à ce sujet d’une désertion de l’Europe pour Ford. Avec sa part de marché de 1,4% en Chine (contre 3,8% en 2016), il y a quelques raisons de penser que, si renoncement il devait y avoir pour Ford, faire une croix sur le premier marché du monde serait la bonne option.
La chronique de Bernard Jullien est aussi sur www.autoactu.com.
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