2019 : année des arbitrages fondamentaux pour les constructeurs
The weekly column of Bernard Jullien , former director of Gerpisa, lecturer in economics (University of Bordeaux) and scientific advisor to the Essca Group's Chair of Network Management.
FCA escompte néanmoins un exercice 2019 moins porteur. GM s’est déjà lancé dans un plan de préservation de sa profitabilité aux Etats Unis en novembre en supprimant 11 000 emplois. La plupart, comme Daimler ou Ford, ont déjà vu leurs résultats baisser en 2018. Ford espère faire mieux en 2019 grâce à un plan de restructuration de l’ensemble de ses activités assez drastique.
Daimler a annoncé cette semaine que l’atteinte de ses objectifs de marges dans un corridor de 8 à 10% ne pourrait pas être espérée avant 2021.
Daimler en a également largement souffert dans sa division automobile et, plus encore, pour ses VUL. Fin 2018 et, plus encore, début 2019, c’est le lent retournement du marché qui se dessine, comme aux Etats-Unis.
GM pense améliorer sa profitabilité en faisant l’hypothèse que le marché sera autour de 17 millions et continuera de favoriser des véhicules comme les Ford F-Series, Chevrolet Silverado et Ram Pickup qui ont constitué le top 3 du hit-parade 2018.
Si, par conséquent, le marché faiblissait vraiment aux Etats Unis et redevenait un peu plus "raisonnable" en terme d’émissions et si, dans le même temps, les signes de faiblesse se confirmaient en Europe, les trois constructeurs seraient à la peine. Toyota en pâtirait mais n’a pas misé autant sur les pick-ups et est plus solide en Europe bien que fragilisé par le Brexit.
La "guerre commerciale" initiée par Trump rend presqu’impossible l’importation de véhicules assemblés aux Etats Unis en Chine. Elle pèse sur les coûts de matières premières et les constructeurs très exposés au "risque chinois" risquent fort d’être à la peine dans les années à venir.
Ils n’en sont pas moins préoccupants car ils interviennent à un moment où il faut financer des investissements considérables pour prendre le virage.
Dans la mesure où les deux courses en question engagent les constructeurs entre eux d’une part et ces acteurs face à de "nouveaux entrants" dans le monde de l‘automobile souvent bien plus profitables et beaucoup moins soumis aux aléas conjoncturels évoqués, ces baisses de profitabilité et – surtout – les choix faits pour y faire face vont être déterminants.
En effet, si les exigences de l’actionnariat en termes de dividendes et de valeurs des titres prévalent, les aléas conjoncturels ne vont pas impliquer de variations à la baisse des dividendes et/ou des révisions à la baisse des programmes de rachats de titres. Alors, il faudra presque fatalement baisser les dépenses en R et D et/ou les acquisitions destinées à se doter des technologies et savoir faire.
Les constructeurs qui feront ces choix chercheront à "cacher la misère" en annonçant de multiples alliances et partenariats. Ils courront le risque de perdre l’une et l’autre des deux courses : ils perdront face aux constructeurs qui sauront se prémunir contre ces exigences indues ; ils devront laisser partir hors de leur maîtrise une part croissante de la chaine de valeur qui les concerne.
Inversement, si on considère que la "valeur future" de l’entreprise ne peut être préservée qu’en maintenant des investissements très lourds dans les nouvelles technologies en ne pouvant compter que sur d’hypothétiques retours sur investissements alors il faudra pendre le risque de demander aux actionnaires – et aux analystes – de considérer qu’il est normal et souhaitable que la distribution aux actionnaires soit, plutôt que l’investissement en R et D, la variable d’ajustement. On verra alors plonger le Revenu Par Action (RPA) sans forcément que ne chute la valeur des titres.
Daimler maintient sa politique très volontariste d’électrification de ses gammes de VP, de VUL, de camions et de bus, maintient son engagement dans l’auto-partage avec BMW et Geely et développe ses offres de véhicules connectés et autonomes. Daimler a décidé de réduire son dividende de 3,65 à 3,25 euros.
Des entreprises comme Tesla ou Uber connaissent une valorisation folle en perdant de l’argent. Le titre Daimler a perdu 2% suite à l’annonce de ce très raisonnable ajustement de sa politique de rémunération de l’actionnariat nécessaire au maintien de ses capacités d’investissement.
Le jugement des marchés sur les capacités des uns et des autres à conduire ou à s’adapter aux évolutions de l’automobile et des mobilités semble bien constituer une boussole fragile. S’en prémunir plutôt que s’y soumettre pourrait bien devenir dans les années à venir la clé du succès durable.
La chronique de Bernard Jullien est aussi sur www.autoactu.com.
Connexion utilisateur
Navigation
Agenda
Journée du Gerpisa
Vendredi 15 Décembre 2023, 14:00 - 17:00 CET
|
Journée du Gerpisa
Vendredi 9 Février 2024, 14:00 - 17:00 CET
|
Journée du Gerpisa
Vendredi 1 Mars 2024, 14:00 - 17:00 CET
|
Journée du Gerpisa
Vendredi 8 Mars 2024, 09:00 - 17:00 CET
|
Journée du Gerpisa
Vendredi 12 Avril 2024, 10:00 - 17:00 CEST
|
Journée du Gerpisa
Vendredi 10 Mai 2024, 14:00 - 17:00 CEST
|
Colloque du Gerpisa
Mardi 25 Juin 2024, 09:00 CEST - Vendredi 28 Juin 2024, 17:00 CEST
|