De l'engagement dans l'indépendance à la demande de régulations collectives : les mobilisations de chauffeurs de VTC en France
Journée du GERPISA n°240 – Sarah ABDELNOUR & Sophie BERNARD
De l'engagement dans l'indépendance à la demande de régulations collectives : les mobilisations de chauffeurs de VTC en France
Vendredi 13 avril 2018 (14h00-17h00)
ENS Paris-Saclay (ex-Cachan), salle Pollak (2ème étage), bâtiment Laplace[1]
Intervenants :
Sarah ABDELNOUR
Maître de conférences en sociologie, IRISSO (UMR CNRS 7170), Université Paris Dauphine, PSL Research University
Sophie BERNARD
Professeure de sociologie, membre junior de l'Institut Universitaire de France, IRISSO (UMR CNRS 7170), Université Paris Dauphine, PSL Research University
Uber, les VTC, le secteur des taxis, les économies de plateforme : questions Gerpisiennes
Il y a un paradoxe Uber : d’un côté, une firme, figure de proue des licornes de la Silicon Valley, à la croissance impressionnante du nombre d'utilisateurs et de chauffeurs, de villes desservies, et du chiffre d'affaires, ce qui alimente la foi en un statut de winner takes all qui justifierait une valorisation boursière (putative) stratosphérique ($68bn en proportion des levées de fonds réalisées depuis 5 ans)… une entreprise parfois présentée comme un acteur incontournable de l’avenir des (auto-)mobilités. De l’autre, une fuite en avant dans la technologie, l’extension géographique, le durcissement de relations économiques déséquilibrées envers ses travailleurs-chauffeurs… Cette trajectoire n'empêche ni les déconvenues spectaculaires (et désormais menaçantes) ni une accumulation de pertes financières qui condamnerait n'importe quelle entreprise traditionnelle: chaque $ de chiffre d'affaires lui coûte 1,5$ !
Pour nous permettre aussi de comprendre davantage tant ce business model que le modèle économique plus large du capitalisme de plateforme, nous proposons avec l’intervention de Sarah ABDELNOUR et Sophie BERNARD un retour aux sources du GERPISA par la sociologie du travail, en nous intéressant à ce qui paraît être la ressource incontournable de la nouvelle économie des taxis, et plus largement, des plateformes: le recours à de la main-d’œuvre précarisée, en contournant ou abattant les anciennes réglementations protectrices régissant le travail et les secteurs d'activité concernés, recours qui épouse néanmoins le discours ambiant positif sur le renouveau de l’entrepreneuriat et du travail indépendant. Cette dimension sociale du modèle paraît d’autant plus importante que la France serait l’un des deux seuls marchés profitables pour Uber.
Présentation par les auteur(e)s
L’entreprise Uber symbolise l’émergence d’un « capitalisme de plate-forme », qui bousculerait tant l’organisation collective du travail que les formes d’emploi. Derrière le cas d’Uber se profile plus largement un nouveau modèle économique dans lequel les entreprises ont pris la forme de plates-formes numériques et jouent le rôle d’intermédiaires entre clients et prestataires de service, entre demandeurs et offreurs de travail. Le cas de cette entreprise est ainsi exemplaire pour comprendre les stratégies de ces nouveaux acteurs économiques, leur recours à une main-d’œuvre externalisée indépendante, et les conditions de travail et d’emploi de celle-ci.
Cette communication visera à saisir le retournement entre une forte attractivité de la plate-forme, se traduisant par l'afflux de 15 000 « partenaires » en quelques années, à l'émergence de mobilisations collectives appelant à une régulation du secteur depuis l'automne 2015. Pour analyser ce mouvement, nous nous appuierons sur les résultats d’une enquête en cours portant sur les chauffeurs VTC utilisant des applications telle qu'Uber. Elle s’inscrit dans un projet de recherche collectif portant sur le « capitalisme de plateforme » (ANR CAPLA). Le matériau mobilisé comprend des observations de manifestations, des entretiens avec des chauffeurs VTC et avec des représentants de chauffeurs VTC, les résultats d’un questionnaire passé auprès de chauffeurs VTC, l’analyse des échanges sur des forums de discussions.
Au vu de leur statut d’indépendant, de leur jeune âge et de leurs parcours sociaux, ces mobilisations semblent à de nombreux égards improbables. L'étude de leurs conditions d'émergence nécessite de partir des statuts d'emploi et conditions de travail des chauffeurs afin de mieux saisir les ressorts de leur socialisation politique. Nous analyserons les différents aspects de la dégradation de leur situation professionnelle, les modalités des luttes menées et les enjeux d'une structuration, notamment syndicale.
* * *
Merci de vous inscrire auprès de gery.deffontaines@ens-cachan.fr ou sur gerpisa.org/node/3889 avant le 12/4
[1] Accès : http://www.ens-cachan.fr/plan-dacces plan du campus: http://www.ens-cachan.fr/sites/default/files/2017-02/Plan_Campus_ENS-Paris-Saclay.jpg
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